Questions fréquemment posées sur l'incidence de la COVID-19 sur les gens de mer


Les gens de mer sont les héros méconnus de la pandémie de COVID-19. Le monde compte sur eux pour transporter plus de 80% du volume du commerce international, ce qui comprend des denrées alimentaires, des carburants et des produits médicaux essentiels, de même que des matières premières et des produits manufacturés. Les gens de mer sont également des victimes collatérales de la crise. En raison des restrictions imposées aux déplacements, des dizaines de milliers d'entre eux sont bloqués à bord de navires ou sont incapables de se rendre dans les ports pour rejoindre leur lieu de travail.

Les difficultés liées au rapatriement des gens de mer et aux changements d'équipage ont un impact majeur sur le secteur des transports maritimes et représentent un enjeu prioritaire. C'est pourquoi l'OMI et d'autres organisations pressent instamment les gouvernements d'intervenir. La question a été soulevée par le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, qui a exprimé son inquiétude face à la crise humanitaire grandissante et aux enjeux de sécurité croissants auxquels sont confrontés les gens de mer du monde entier. M. Guterres a demandé à tous les pays de désigner officiellement les marins et le personnel maritime comme "travaileurs-clés" et de s'assurer que les relèves d'équipages puissent avoir lieu en toute sécurité. M. Guterres a réitéré cet appel dans un message publié à l'occasion de la Journée mondiale de la mer, le 24 septembre 2020.

Bien que l'OMI soit encouragée par les progrès réalisés dans plusieurs pays afin de désigner les gens de mer comme travailleurs clés et faciliter les changements d'équipages et le rapatriement, l'Organisation demeure très préoccupée par les nombreux pays où des restrictions sont encore imposées aux gens de mer. Nous sommes au bord d'une crise humanitaire et d'un véritable problème de sécurité. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les marins qui sont présentement à bord des navires restent en mer éternellement. De nombreux gens de mer ont déjà effectué des périodes de service bien plus longues que les 11 mois qui représentent la durée maximale des contrats des gens de mer en vertu des prescriptions de l'Organisation internationale du Travail (OIT). Il est de la responsabilité des gouvernements de veiller à ce que les gens de mer puissent se déplacer et que les navires demeurent en mouvement, ce qui permettra à la planète de surmonter la pandémie et de maintenir l'économie mondiale à flot.

Des résolutions invitant les Gouvernements à désigner les gens de mer comme des travailleurs clés ont été adoptées par l'OMI, l'Assemblée générale des Nations Unies et l'Organisation internationale du Travail (OIT)

Voici les réponses à certaines des questions les plus fréquemment posées à propos des relèves d'équipage et du rapatriement des gens de mer.

1. Pourquoi est-il si difficile pour les gens de mer de rentrer chez eux ?

De nombreux gouvernements dans le monde ont provisoirement commencé à rouvrir leurs ports et aéroports internationaux, mais avec des exigences variables en matière de quarantaine, de vaccination et de tests. Cependant, beaucoup d'autres ont réaffirmé leur engagement à imposer des restrictions de voyage dans le but de freiner la propagation de la nouvelle maladie à coronavirus. En conséquence, la capacité des gens de mer à voyager entre les navires, qui constituent leur lieu de travail, et leur pays de résidence continue, dans de nombreux endroits, d'être sévèrement limitée.

La nature même du transport maritime international fait en sorte que, chaque mois, un nombre important de gens de mer doivent prendre l'avion avant d'embarquer à bord de navires ou après en être débarqué. En effet, les ports de départ ou d'arrivée des navires peuvent se trouver à des milliers de kilomètres de leur domicile. Nombre d'entre eux sont transportés par avion jusqu'à leur port de départ, avant d'embarquer sur des navires où ils travaillent et vivent pendant plusieurs semaines, voire des mois. Une fois arrivés à destination, ils doivent souvent être rapatriés par avion.

Les restrictions et les fermetures liées à la COVID-19 continuent d'entraver ce processus. Le manque de disponibilité des vols commerciaux réduit considérablement les possibilités de voyage pour les gens de mer et entraîne une hausse des prix des billets pour les exploitants de navires et les agents de recrutement, ce qui exacerbe encore les difficultés liées à la relève des équipages et au rapatriement des gens de mer. La fermeture des frontières empêche certains d'entre eux de transiter par des pays étrangers ou de se rendre dans des aéroports pour prendre leur vol de retour. Des difficultés liées à l'obtention de visas ou d'autorisations de voyager rendent la situation encore plus complexe, puisqu'elles empêchent de nombreux gens de mer de transiter par certains pays, ou même de rentrer dans leur propre pays de résidence. L'imposition de quarantaines représente un autre obstacle aux déplacements. 

De plus, un nombre important de gens de mer sont dans l'impossibilité de rentrer chez eux parce qu'ils ne peuvent pas être remplacés par des équipages de relève pourtant indispensables. En raison des restrictions aux déplacements susmentionnées, de nombreux gens de mer ne peuvent pas à se rendre à l'étranger pour embarquer à bord de navires, ce qui rend les changements d'équipage difficiles, voire impossibles. Par conséquent, des gens de mer signalent que leurs contrats sont prolongés de plusieurs mois au-delà de leur date de fin initiale, ce qui les oblige à rester à bord plutôt que de pouvoir rentrer auprès de leurs familles. 

Des milliers de gens de mer se retrouvent ainsi bloqués sur des navires sans possibilité d'être rapatriés. Les prolongations répétées de leurs contrats ont atteint un niveau tel qu'elles menacent d'entraîner des conséquences graves pour la santé des gens de mer, et par conséquent pour la sécurité des navires qu'ils exploitent.

Il existe également un corollaire souvent oublié à la crise de la relève de l'équipage, à savoir les conséquences financières sur les gens de mer qui sont, de fait, "bloqués à la maison". Incapables de travailler en mer et n'ayant que peu ou pas d'opportunités à terre, des milliers de gens de mer et leurs familles connaissent de graves difficultés financières, car les restrictions de voyage et les autres politiques liées à la COVID-19 les empêchent d'accepter de nouveaux contrats de travail pour les équipages.

2. Combien de gens de mer sont dans cette situation ?

En juillet 2021, on estime qu'il reste quelque 250 000 gens de mer à bord de navires de commerce; ils ne peuvent être rapatriés et leur contrat a expiré. Un nombre similaire de gens de mer devaient rejoindre d'urgence des navires pour les remplacer. À tout moment, près d’un million de gens de mer travaillent à bord de quelque 60 000 grands cargos dans le monde.

3. Pourquoi les changements d'équipage sont-ils si importants ?

La relève des équipages est essentielle pour prévenir la fatigue et protéger la santé, la sécurité et le bien-être des gens de mer - assurant ainsi la sécurité du commerce maritime. Elle ne peut être reportée indéfiniment.

La durée des contrats des gens de mer varie, mais ils travaillent généralement pour une période de quatre à six mois sur des navires, suivie d'une période de congé. Lorsqu'ils sont en mer, ils accomplissent des tâches qui requièrent une attention professionnelle constante. Leurs quarts de travail sont souvent d'une durée de 10 à 12 heures, sept jours sur sept.

Les gens de mer qui passent des périodes prolongées à bord sont plus à risque de développer des problèmes de santé physique et mentale. Des milliers de gens de mer coincés à bord de navires ont déjà exprimé leur épuisement, leur fatigue, leur anxiété et leur stress psychologique. Un marin épuisé physiquement et mentalement est beaucoup plus à risque d'être impliqué dans un accident.

La relève des équipages est indispensable afin de respecter les réglementations maritimes internationales en matière de sécurité, d'emploi et de santé et de bien-être des équipages. La Convention du travail maritime (CTM) de 2006 de l'Organisation internationale du Travail (OIT) prévoit que la période maximale continue pendant laquelle un marin peut servir à bord d'un navire est de 11 mois. Ce délai peut être dépassé dans des situations de «force majeure», mais toute prolongation doit être accompagnée de garanties appropriées pour éviter les abus et protéger les droits des gens de mer. Selon l'OIT, des centaines de milliers de gens de mer ont dû rester à bord au-delà de la période maximale de 11 mois. Certains d'entre eux n'ont pas pu rentrer chez eux depuis 18 mois.

4. Quelle est la situation en matière d'accès aux soins médicaux pour les gens de mer ?

Il y a de nombreux cas de gens de mer à qui l'on a refusé la permission d'aller à terre pour recevoir des soins médicaux, même s'ils présentaient des problèmes de santé urgents mais non liés à la COVID-19.

Par exemple, un marin russe de 45 ans qui souffrait d'un accident vasculaire cérébral s'est vu refuser la permission d'entrer dans un port étranger pour y recevoir les soins médicaux urgents dont sa vie dépendait. L'évacuation médicale a finalement été autorisée après l'intervention d'entités de l'ONU (cliquez ici pour plus de détails sur cette histoire).

Dans certains cas, même des gens de mer complètement vaccinés se sont vu refuser l'autorisation de débarquer, bien que tous les membres de l'équipage aient été testés négatifs pour la maladie.

Des exemples comme celui de ce marin Russe de 45 ans entraînent des inquiétudes importantes pour les gens de mer, qui craignent de ne pas recevoir les soins médicaux dont ils ont besoin en cas de maladie, qu'il s'agisse de la COVID-19 ou d'autres pathologies. De plus, il est très difficile pour de nombreux gens de mer d'obtenir des renouvellements d'ordonnances pour des médicaments qu'ils prennent déjà. L'incertitude est également extrêmement pénible pour les proches à terre, démoralisante pour les autres membres de l'équipage lorsque la santé d'un collègue est en jeu, frustrante pour les capitaines qui ont un devoir de diligence mais qui n'ont pas les moyens d'intervenir, et extrêmement chronophage pour le personnel opérationnel à terre qui tente de communiquer avec une myriade d'agents maritimes et diverses autres parties à terre, afin d'organiser une évacuation médicale.

En outre, de nombreux gens de mer éprouvent de sérieuses difficultés à obtenir des renouvellements d'ordonnances pour les médicaments qu'ils prennent, et beaucoup d'autres ne bénéficient pas d'examens médicaux appropriés pour diagnostiquer formellement de nouveaux problèmes de santé avant que des soins de santé primaires ne soient administrés à bord pour les stabiliser et/ou les traiter.

En vertu de la Convention du travail maritime (CTM) de l'Organisation international du Travail (OIT), les États du port et côtiers doivent s'assurer que les gens de mer à bord de navires qui se trouvent sur son territoire ont accès à ses installations médicales à terre s'ils requièrent des soins médicaux immédiats. L'OIT a confirmé que les mesures exceptionnelles adoptées par certains gouvernements pour contenir la pandémie de COVID-19 ne peuvent être invoquées en tant que telles comme une raison valable pour ne pas se conformer à cette obligation internationale.

L'obligation d'assistance aux gens de mer en détresse, y compris d'assistance médicale, est également inscrite les conventions de l'OMI ci-après : Convention pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (Convention SOLAS), Convention sur la recherche et le sauvetage maritimes (Convention SAR), Convention sur l'assistance et Convention visant à faciliter le trafic maritime international, ainsi que dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

5. Que fait l'OMI pour aider les gens de mer ?

L'OMI a mis en place une équipe de gestion de crise pour les gens de mer qui a pour rôle de suivre l'évolution de la situation, coordonner les efforts, communiquer avec tous les intervenants concernés et fournir un soutien ciblé dans des cas individuels et des situations particulièrement urgentes.

Cette équipe dédiée travaille fréquemment en partenariat avec d'autres organisations comme l'Organisation internationale du Travail (OIT), la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) et la Chambre internationale de la marine marchande (ICS).

Depuis le début de la crise, cette équipe travaille jour et nuit pour trouver des solutions, en indiquant aux gens de mer qu'ils peuvent s'adresser directement à l'OMI, contacter les représentants des gouvernements nationaux, des ONG, des syndicats, des compagnies maritimes ou des associations concernées, ou en les orientant vers la bonne organisation.

L'intervention rapide de l'OMI a fait une différence majeure pour des gens de mer partout dans le monde. Cliquez ici pour plus de détails sur les mesures prises par l'OMI pour aider les gens de mer.

Par le biais de déclarations personnelles, le Secrétaire général de l'OMI continue d'exhorter les États Membres à respecter les droits des gens de mer et à s'acquitter des obligations qui leur incombent en vertu de diverses conventions de l'OIT et de l'OMI. En outre, l'OMI continue de collaborer avec les gouvernements au niveau diplomatique pour encourager la levée des restrictions imposées aux déplacements locales et nationales pour les gens de mer. L'Organization a également diffusé plusieurs lettres circulaires comprenant des orientations et des informations essentielles sur des questions telles que la façon d'assurer la relève des équipages en toute sécurité (CL.4204/Add.14), les équipements de protection individuelle (CL.4204/Add.15), les certificats des gens de mer (CL.4204/Add.19) et la sécurité de l'interface à bord entre le navire et le personnel à terre (CL.4204/Add.16). Cliquez ici pour accéder à toutes les directives publiées par l'OMI dans le cadre de la pandémie de COVID-19.

En septembre, le Comité de la sécurité maritime de l'OMI a adopté une résolution priant instamment les gouvernements de prendre des mesures de toute urgence pour résoudre la crise sur les plans humanitaire et de la sécurité à laquelle faisaient face les gens de mer par suite de la pandémie de COVID-19. (cliquez ici pour en savoir plus).

6. Que peuvent faire les gouvernements ?

L'OMI et d'autres organisations ont à plusieurs reprises exhorté les gouvernements à désigner comme « travailleurs clés » les marins, le personnel maritime, le personnel des navires de pêche, le personnel du secteur énergétique offshore et le personnel des prestataires de services dans les ports, quelle que soit leur nationalité.

Les gouvernements sont instamment priés de fournir le soutien nécessaire à ces travailleurs, par exemple en les exemptant des restrictions nationales aux voyages ou aux déplacements pour leur permettre de rejoindre ou de quitter les navires et de transiter par les territoires nationaux (par exemple vers un aéroport) en vue de leur rapatriement. Ils doivent également veiller à ce que ces travailleurs ait accès à des soins médicaux d'urgence et, si nécessaire, faciliter leur rapatriement d'urgence.

Les gouvernements et les autorités nationales doivent veiller à ce que tous les navires de commerce continuent d'avoir accès aux postes d'amarrage dans les ports et les terminaux et de faire tout leur possible pour permettre la relève des équipages. Ils sont vivement encouragés à mettre en œuvre une série de protocoles, qui prévoient des mesures et des procédures générales visant à garantir que la relève des équipages des navires puissent se faire en toute sécurité pendant la pandémie de COVID-19. Les gouvernements sont aussi invités à partager ces protocoles avec leurs autorités nationales compétentes. Ces protocoles couvrent toutes les questions clés, y compris la fourniture d'équipements de protection individuelle (EPI), les tests de dépistage de la COVID-19, la vérification de la température et des propositions pour la mise en place de voies désignées dans les aéroports. Ils ont été élaborés par un vaste éventail d'associations internationales, et approuvés par le Secrétaire général de l'OMI, M. Kitack Lim, en mai.

Concernant les nouvelles positives récentes relatives au développement de vaccins contre la COVID-19, M. Lim a déclaré que la désignation en tant que travailleurs clé devrait garantir que les gens de mer et les travailleurs maritimes reçoivent une vaccination prioritaire, afin de leur permettre de travailler et de maintenir les chaînes d'approvisionnement mondiales vitales.

7. Pourquoi est-ce si important de reconnaître les gens de mer comme travailleurs clés ?

La désignation de "travailleurs clés" est essentiel pour permettre aux gens de mer d'être exemptés de certaines restrictions aux déplacements liés à la COVID-19 et de voyager entre leur pays de résidence et les navires et d'être rapatriés à la fin de leur contrat. Il s'agit d'un élément essentiel pour que la relève des équipages puisse avoir lieu.

La relève des équipages est non seulement indispensable pour préserver la santé et le bien-être des gens de mer, mais aussi pour garantir que les navires de commerce puissent continuer à transporter des marchandises essentielles en toute sécurité et sans interruption inutile.

Plus de 80 % du commerce mondial est transporté par voie maritime. Les transports maritimes acheminent des denrées alimentaires, des produits énergétiques et des matières premières ainsi que des produits manufacturés et des composants du monde entier. Cela comprend des médicaments et des fournitures médicales qui sont vitales dans la lutte contre la pandémie de COVID-19. La désignation des gens de mer comme "travailleurs clés" permet de s'assurer que la pandémie et les mesures de confinement prises pour la combattre ne feront pas obstacle au commerce des biens essentiels, y compris les fournitures médicales et les denrées alimentaires.

8. Quels sont pays qui ont désigné les gens de mer comme des travailleurs clés ?

De nombreux États Membres et Membres associés de l'OMI ont envoyé des communications à l'OMI mentionnant spécifiquement les gens de mer en tant que travailleurs clés ou l'indiquant en commentaires. L'OMI diffuse ces communications au moyen de lettres circulaires qui sont disponibles sur le site Web de l'OMI.

Le 9 juillet 2020, 13 pays ont signé la Déclaration commune du Sommet maritime international virtuel sur la relève des équipages, dans laquelle les gouvernements se sont engagés à faciliter la relève des équipages en toute sécurité et à s'assurer que les gens de mer obtiennent le statut de travailleurs clés. D'autres ont indiqué avoir désigné les gens de mer comme travailleurs clés.

Au 15 novembre 2022, 66 États Membres de l'OMI et deux Membres associés ont désigné les gens de mer comme des travailleurs clés. Les États Membres sont les suivants : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Azerbaïdjan, Bahamas, Bangladesh, Barbade, Belgique, Brésil, Bulgarie, Canada, Chili, Chypre, Croatie, Danemark, Dominique, Égypte, Émirats arabes unis, Espagne, États-Unis, Fédération de Russie, Finlande, France, Gabon, Gambie, Géorgie, Ghana, Grèce, Îles Marshall, Inde, Indonésie, Iran (République islamique d'), Irlande, Italie, Jamaïque, Japon, Jordanie, Kenya, Kiribati, Liban, Libéria, Maldives, Maroc, Monténégro, Myanmar, Nigéria, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Panama, Pays-Bas, Pérou, Philippines, Pologne, Portugal, République de Corée, République de Moldova, Roumanie, Royaume-Uni, Singapour, Slovénie, Suède, Thaïlande, Türkiye, Venezuela (République bolivarienne du), et Yémen. Les Membres associés sont : les Îles Féroé et Hong Kong (Chine). Toutefois, la situation reste complexe et des difficultés sont encore signalées. 

Dans certains cas, la désignation de travailleur clé peut ne s'appliquer qu'aux ressortissants d'un pays particulier et les restrictions s'appliquent toujours aux gens de mer d'autres pays - laissant les équipages étrangers dans l'impossibilité de transiter par ce pays pour être rapatriés. 

Un plus grand nombre de pays peuvent avoir désigné des gens de mer comme travailleurs clés sans le signaler à l'OMI. 

Le nombre croissant de pays qui ont désigné les gens de mer comme des travailleurs clés est encourageant et l'OMI invite les autres États Membres à suivre leur exemple.

9. La désignation de travailleur clé devrait-elle également s'appliquer aux gens de mer à bord des navires de croisière ?

Oui. La demande de l'OMI de désigner les gens de mer comme "travailleurs clés" inclut les équipages des navires de croisière. Tous les marins et le personnel maritime sont considérés comme des travailleurs essentiels par l'OMI, quel que soit le type de navire sur lequel ils travaillent. L'OMI prie instamment les gouvernements et les autorités nationales de veiller à ce que les gens de mer travaillant sur les navires de croisière aient droit aux mêmes exemptions que les autres travailleurs essentiels, notamment les autorisations de transit et de voyage.

Les navires de croisière ont été confrontés à des défis particuliers, puisqu'ils comptent un nombre beaucoup plus important de personnes à bord (à la fois des membres du personnel et des passagers) que les navires de charge. Ils peuvent transporter des milliers de passagers et membres d'équipages, tandis que même les plus grands cargos n'ont généralement qu'une vingtaine de membres d'équipage à bord.

La plupart des compagnies de croisière ont cessé leurs activités en raison de la pandémie de COVID-19 et s'efforcent depuis lors de débarquer et de rapatrier leurs passagers et leurs membres d'équipage. Mais ce processus requiert une collaboration entre les compagnies de croisières, les gouvernements et d'autres parties prenantes, ce qui est exactement ce que demande l'OMI.

10. Pourquoi les gens de mer devraient-ils être vaccinés en priorité contre la COVID-19? 

La responsabilité de déterminer les listes de priorités pour la vaccination relève des gouvernements nationaux, mais l'OMI encourage ses États Membres à veiller à ce que les gens de mer, le personnel maritime et le personnel des navires de pêche reçoivent une vaccination prioritaire. Cela leur permettra de travailler et de maintenir les chaînes d'approvisionnement vitales, en plus d'aider à résoudre la crise de la relève des équipages qui se poursuit. 

L'OMI a maintes fois prié ses États Membres de désigner les gens de mer comme travailleurs clés. Le Secrétaire général de l'OMI, M. Kitack Lim, a déclaré que cette désignation devrait permettre de s'assurer que les gens de mer soient vaccinés rapidement.  

Les gens de mer font partie de la catégorie des travailleurs essentiels en dehors du secteur de la santé, qui comprend également les policiers, les intervenants des services d'urgence, les services municipaux, les enseignants, les éducateurs des services de garde, de même que les travailleurs des secteurs agricole et des transports. De plus, les gens de mer font partie de la catégorie des travailleurs de secteurs critiques pour l'économie et qui ne peuvent exercer leur métier à distance.  

11. Quels sont les pays qui proposent de vacciner les gens de mer contre la COVID-19 ?

D'après les renseignements reçus par l'OMI, 24 pays ont à ce jour mis en œuvre des programmes de vaccination des gens de mer, ou ont fait connaître leur intention de le faire, dans des ports désignés sur leur territoire (on trouvera une liste de ces pays et des ports concernés ici). Cela est encourageant, et l'OMI continue de demander avec instance aux autres pays de prendre des mesures pour accélérer spécifiquement la vaccination des gens de mer qui contribuent aux transports maritimes internationaux. 

L'OMI encourage aussi les gouvernements à reconnaître le rôle des autres membres du personnel maritime eu égard à la facilitation des échanges dans le monde et, dès que possible, de les vacciner également à titre prioritaire.

12. Comment les changements d'équipage et les rapatriements peuvent-ils s'effectuer en toute sécurité?

L'OMI a approuvé une série de protocoles qui prévoient des mesures et des procédures générales destinées à s'assurer que les changements d'équipage puissent avoir lieu en toute sécurité pendant la pandémie de COVID-19. Ces protocoles ont été élaborés par vaste éventail d'associations internationales qui représentent le secteur des transports maritimes.

Les protocoles comprennent des conseils sur la mise en place de procédures sûres pour permettre aux gens de mer de rejoindre les navires, de les quitter et d'être rapatriés. Ils couvrent tous les enjeux, incluant la fourniture d'équipements de protection individuelle (EPI), les tests de dépistage de la COVID-19, la distanciation physique, les mesures d'hygiène, la vérification de la température, l'hébergement temporaire et les propositions de voies désignées dans les aéroports pour les gens de mer. Les protocoles prévoient des exigences pour les compagnies de navigation et des recommandations destinées aux gouvernements, aux administrations maritimes et aux autres autorités nationales compétentes, notamment celles chargées des questions maritimes, de la santé, des douanes, de l'immigration, des contrôles aux frontières, des ports et de l'aviation civile.

13. Que prévoit le droit international sur le droit des gens de mer au rapatriement ?

La règle 2.5 de la Convention du travail maritime (CTM) de l'Organisation internationale du Travail (OIT) stipule que les gens de mer ont le droit d'être rapatriés à la fin de leur contrat. En vertu de la CTM, les États du pavillon ont une responsabilité envers le droit des gens de mer à être rapatriés et les États du port ont l'obligation de faciliter ce rapatriement ainsi que le remplacement des gens de mer. L'OIT a indiqué que ces obligations doivent être respectées pendant la pandémie, sans préjudice à la nécessité de prendre des mesures pour prévenir la contagion.

La Convention du travail maritime (CTM) prévoit que la période maximale continue pendant laquelle un marin peut servir à bord d'un navire est de 11 mois. Ce délai peut être dépassé dans des situations de "force majeure", mais toute prolongation doit être accompagnée de garanties appropriées pour éviter les abus et protéger les droits des gens de mer. Selon l'OIT, des milliers de marins ont dû rester à bord au-delà de cette période maximale de 11 mois. Certains d'entre eux n'ont pas pu rentrer chez eux depuis 18 mois.