FSO Safer : transfert d’hydrocarbures de navire à navire vers le navire-citerne Yemen achevé
[Dernière mise à jour en août 2024]
Dans le cadre d'une initiative coordonnée par les Nations Unies, le transfert de navire à navire de plus de 1,1 million de barils d'hydrocarbures de l'unité flottante de stockage et de déchargement Safer (en anglais "FSO Safer") vers un navire-citerne de remplacement, le Yemen, a été achevé en 2023 afin d'éviter une catastrophe environnementale potentielle.
Tous les travaux relatifs au
Safer, y compris les plans de recyclages, sont maintenant suspendus en raison de la situation instable dans la région de la mer Rouge.
L'OMI a joué un rôle clé dans l'initiative qui visait à prévenir un déversement d'hydrocarbures provenant de l'unité flottante de stockage et de déchargement Safer, qui était amarrée au large des côtes du Yémen.
L'OMI a fourni une assistance technique et a engagé un spécialiste de gestion des crises pour être présent sur place pendant toute la durée de l'opération. Bien que l'opération comportait des risques, de nombreuses mesures de planification d'urgence ont été mises en place. Dans le cadre de ce processus, l'OMI a aidé le PNUD à organiser l'achat et la mise en service de matériel de lutte contre les déversements d'hydrocarbures pour atténuer un déversement d'hydrocarbures. Outre le processus de passation des marchés, l'OMI a demandé et facilité des dons de matériel.
Opération de récupération des hydrocarbures
Le navire de servitude polyvalent
Ndeavor de Boskalis a été amarré à côté de l'unité Safer. Des mesures de gaz ont été effectuées pour évaluer la présence de gaz toxiques à l'intérieur et autour du navire. L'équipe a déclaré que l'accès était "sûr", ce qui signifiait que des inspections critiques de l'unité et de ses machines de pont pouvaient être menées, ainsi que des évaluations de la structure de la coque. Des générateurs de gaz inerte mobiles ont été chargés à bord pour être utilisés dans l'opération d'inertage des réservoirs d'hydrocarbures de l'unité Safer en vue de l'opération de transfert d'hydrocarbures.
Voir la
vidéo et les
photos de Boskalis du transfert de pétrole de navire à navire de l'unité
Safer au navire-citerne de remplacement
Yemen.
Quel était l'état de la situation concernant l'unité Safer?
Avant l'opération de transfert, l'unité flottante de stockage et de déchargement Safer était située à environ 4,8 milles marins au large des côtes du Yémen. Il s'agissait à l'origine d'un hyperpétrolier, construit au Japon en 1976. Sa conversion en unité flottante de stockage et de déchargement remonte à 1986. Depuis 1988, l'unité Safer est amarrée à Ras Issa où, avant l'intensification du conflit en 2015, elle recevait, stockait et exportait du pétrole brut provenant des champs pétrolifères de Mareb. L'unité Safer est la propriété de la compagnie pétrolière nationale du Yémen, la Safer Exploration & Production Operation Company (SEPOC).
En raison du conflit en cours au Yémen, toutes les opérations de production et d'exportation liées à l'unité Safer ont été suspendues en 2015, mais on estime que 150 000 t (près de 1,1 million de barils) de pétrole brut sont toujours à bord. Cela correspond à quatre fois la quantité déversée lors de l'incident de l'Exxon Valdez en 1989, bien que les circonstances soient très différentes.
Avant l'arrivée du SMIT en mai 2023, l'unité n'avait pas été inspectée ni entretenue depuis 2015 et était hors classe depuis 2016. Cela suscitait de vives inquiétudes quant à son intégrité. Il n'y avait aucune fuite d'hydrocarbures provenant de l'unité Safer, mais le risque de déversement d'hydrocarbures augmentait puisque la structure, les équipements et les systèmes d'exploitation de l'unité continuaient de se détériorer.
Les principaux risques associés à l'unité étaient la défaillance possible de l'unité en raison du manque d'entretien, qui pouvait mener à une fuite des réservoirs due à une brêche se formant sur la coque, ou un déversement important causé par une explosion due à l'accumulation de gaz inflammables dans les réservoirs.
La situation était particulièrement complexe en raison du conflit dans la région. De plus, les efforts visant à atténuer le risque avaient été entravés par la pandémie de COVID-19.
Depuis que les Nations Unies ont lancé en 2019 les plans concernant l'unité flottante de stockage et de déchargement
Safer, l'OMI a soutenu les efforts de planification d'urgence visant à améliorer la préparation à l'atténuation des impacts environnementaux d'un déversement potentiel. De plus, l'OMI a apporté une contribution et un soutien techniques au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Yémen sur des questions pertinentes liées au "Plan opérationnel".
Quelle pourrait être l'ampleur des dommages environnementaux en cas de déversement d'hydrocarbures?
Un déversement d'hydrocarbures dans la région représenterait une catastrophe humanitaire et écologique majeure. Il est probable qu'un déversement important affecterait fortement la côte nord-ouest du Yémen, y compris les îles yéménites dans la mer Rouge et l'île Kamaran en particulier. Il y a aussi un risque que les hydrocarbures dérivent et affectent les pays voisins, notamment Djibouti, l'Érythrée et l'Arabie saoudite.
Le secteur comprend de nombreux écosystèmes vulnérables, notamment des mangroves, des récifs coralliens et des habitats d'oiseaux, de même que des infrastructures essentielles, comme des installations de dessalement et des ports de pêche.
Les impacts spécifiques d'un déversement dépendraient de divers facteurs, tels que la quantité d'hydrocarbures déversée, les caractéristiques d'altération des hydrocarbures et les conditions météorologiques et océaniques du moment. Divers scénarios de déversement de l'unité Safer ont été étudiés afin de mieux comprendre les dommages potentiels à l'environnement.
La
modélisation
de
la
trajectoire des
déversements
d'hydrocarbures, en anglais seulement, a
été
préparée
par
l'OMI.
Quel pourrait être l'impact d'un déversement d'hydrocarbures pour les populations locales?
Un déversement d'hydrocarbures de grande ampleur pourrait avoir des répercussions sur de nombreuses communautés côtières yéménites, qui dépendent déjà de l'aide humanitaire pour répondre à leurs besoins fondamentaux. Il aurait d'importantes répercussions sur les moyens de subsistance et la santé des populations qui dépendent des ressources de la mer.
Il y aurait probablement des impacts importants sur les pêcheries le long de la côte de la mer Rouge du Yémen, ce qui placerait des communautés de pêcheurs devant des difficultés importantes et entraînerait des pertes économiques substantielles. De plus, un déversement d'hydrocarbures pourrait perturber gravement les opérations du port de Hodeïda, qui est le point d'entrée de la plupart des marchandises importées.
Qu'a fait l'OMI pour préparer l'intervention en cas de déversement?
Bien que les efforts de prévention constituaient l'objectif principal de la sécurisation de l'unité flottante de stockage et de déchargement Safer, une préparation adéquate en cas de déversement est également essentielle pour assurer une intervention rapide et coordonnée et limiter la gravité des impacts si un déversement devait survenir. À cette fin, l'OMI a soutenu les efforts de planification d'urgence, qui visent à améliorer la préparation à l'échelle nationale en cas de déversement. Ces efforts visent à améliorer l'efficience, l'efficacité et la gestion des opérations d'intervention d'urgence en cas d'un déversement provenant de l'unité Safer.
Les efforts de planification se sont concentrés sur les points suivants : identification d'experts techniques pour aider à la coordination et à la gestion de l'intervention en cas de déversement à l'échelle locale et nationale ; évaluation des capacités actuelles pour faire face à un déversement d'hydrocarbures ; définition des besoins en matériel et en ressources ; et appui du processus d’achat des articles requis pour le déploiement dans divers endroits du Yémen.
L'OMI travaille en étroite collaboration avec le Bureau du Coordonnateur résident de l'ONU pour le Yémen ainsi que le Bureau du PNUD au Yémen.
Appel à contributions en vue d'obtenir du matériel de lutte contre les déversements d'hydrocarbure supplémentaire
En avril 2023, l'OMI, dans le cadre des efforts menés par les Nations Unies, a appelé les États Membres à fournir du matériel de lutte contre les déversements d'hydrocarbures d'occasion pour compléter l'équipement spécialisé acheté par le PNUD et renforcer les efforts de préparation en cas de déversement éventuel.
Voir ici pour plus d'informations sur l'évaluation des risques et la préparation à la lutte.
Que pourrait être le rôle de l'OMI si un déversement survient ?
L'OMI est en mesure de fournir un soutien et des conseils techniques aux gouvernements confrontés à un déversement d'hydrocarbures important, si elle reçoit une demande officielle d'assistance de leur part. Ce soutien peut prendre plusieurs formes, allant de l'offre de conseils techniques aux autorités compétentes et aux centres de coordination régionaux à la livraison d'une assistance technique grâce au déploiement d'experts lorsque cela est possible.
Compte tenu de l'ampleur potentielle d'un déversement catastrophique dans la région et des considérations de sécurité liées au conflit en cours au Yémen, l'OMI soutiendrait les mesures prises à l'échelle du système des Nations Unies en cas d'intervention internationale.
Quels sont les principaux défis en matière de préparation et de lutte contre un éventuel déversement d'hydrocarbures au Yémen?
Le conflit en cours et l'instabilité qui en résulte dans la région ont une incidence majeure sur les efforts de planification d'urgence. Cela pose notamment des défis pour la collecte d'informations complètes et à jour auprès des parties prenantes. La situation actuelle aurait également une incidence sur la capacité à organiser une intervention en cas de déversement d'hydrocarbures, compte tenu des ressources limitées dans la région, et surtout de la situation en matière de sécurité découlant du conflit civil au Yémen.
En 2020, l'OMI et le PNUD ont soutenu des ateliers de planification d'urgence afin de renforcer la capacité de lutte en cas de déversement d'hydrocarbures du Yémen. Après le premier atelier organisé à
Sana'a en février 2022, la seconde série d'ateliers s'est tenue à
Aden en mars 2022, et s'est concentrée sur la planification d'urgence et la gestion de l'intervention sur le littoral. D'importants travaux supplémentaires visant à améliorer la préparation sont en cours depuis ce temps.
En savoir plus /Ressources
Regardez la vidéo d'ONU Yémen ci-dessous sur le début de l’opération critique de transfert d'hydrocarbures de navire à navire :
FSO SAFER - Explication de la proposition coordonnée par les Nations Unies (11 octobre 2022).
Une conférence d'annonce de contributions pour lever des fonds organisée en mai 2022 par le Gouvernement néerlandais et les Nations Unies a marqué le début des effort visant à réunir les 144 millions de dollars nécessaires au plan, dont 80 millions de dollars pour l'opération d'urgence.
Des informations sur le plan de transfert des hydrocarbures du FSO Safer sont disponibles ici - y compris le formulaire d'engagement / l'explicatif / le plan opérationnel / la modélisation de la trajectoire des déversements d'hydrocarbures.