Forum de l'innovation OMI-PNUE-Norvège 2022

Assurer une innovation inclusive : Forum de l'innovation OMI-PNUE-Norvège

Le Forum de l'innovation OMI-PNUE-Norvège a examiné comment assurer une innovation inclusive pour soutenir la transition du secteur maritime vers la décarbonation.

La transition du secteur maritime vers un secteur décarboné a déjà commencé et va se poursuivre, mais elle doit se faire de manière inclusive. Ce thème a été au cœur de la deuxième édition du Forum de l'innovation OMI-PNUE-Norvège, qui s'est tenu les 28 et 29 septembre au Siège de l'OMI, à Londres (Royaume-Uni), et en ligne.

La manifestation a coïncidé avec la Journée mondiale de la mer (29 septembre) et a mis l'accent sur le thème de l'année 2022 : "Des technologies nouvelles au service de transports maritimes plus écologiques" - reflétant la nécessité de soutenir une transition verte du secteur maritime vers un avenir durable, sans laisser personne de côté.

Lors de l'ouverture du Forum, le Secrétaire général de l'OMI, M. Kitack Lim, a déclaré que l'"innovation" et l'"inclusivité" étaient essentielles pour accélérer la décarbonation du secteur maritime.

"L'innovation est fondamentale pour réussir la transition énergétique du secteur maritime. Elle nécessite de nouvelles technologies, des combustibles de substitution renouvelables et des infrastructures pour soutenir un transport maritime à faible teneur en carbone et à zéro émission, ainsi que de nouvelles solutions financières pour accompagner ces efforts. Nous avons également besoin d'écosystèmes innovants, créés par des partenariats de recherche et développement impliquant notamment le secteur privé. Nous avons besoin de "tout le monde sur le pont" pour assurer le succès de ces initiatives. Cela doit être fait de la manière la plus inclusive possible : nous ne réussirons qu'en cheminant ensemble, les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PEID) doivent être à bord de la transition énergétique alors que nous répondons aux besoins en matière de renforcement des capacités, de technologie et d'infrastructure", a déclaré le Secrétaire général, M. Lim.

M. Wegger Strømmen, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Norvège au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, a fait écho à la nécessité d'un voyage inclusif. "Nous avons besoin d'un cadre permettant à tous les pays de prendre part au passage vers des économies en faveur de la neutralité climatique, y compris les transports maritimes", a-t-il déclaré.

M. Sveinung Oftedal, Directeur spécialisé, Département de la gestion maritime et du contrôle de la pollution, Ministère du climat et de l'environnement de la Norvège, a déclaré que le respect de l'ambition de l'OMI est la tâche la plus urgente et la plus complexe de l'ère moderne des transports maritimes. "Je suis convaincu que cette tâche urgente et complexe de décarbonation des transports maritimes est effectivement possible", a-t-il ajouté, soulignant la nécessité d'une innovation inclusive et du déploiement de technologies durables dans les pays en développement - dont beaucoup offrent le plus grand nombre de gens de mer et sont dotés d'une flotte importante.

Près de 2 000 participants (en personne et en ligne) ont écouté de nombreux intervenants et intervenantes de haut niveau, dont des représentants et représentantes des gouvernements, des autorités de réglementation, du secteur et du monde universitaire, dans le cadre de plusieurs groupes de discussion (liste des intervenants et programme ici) :

Les politiques de l'OMI - moteur de l'ordre du jour relatif à la décarbonation du secteur maritime

Les règles de l'OMI stimulent l'innovation. M. Harry Conway, Vice-président du Comité de la protection du milieu marin (MEPC) de l'OMI, a informé le Forum des derniers développements en matière de réglementation, notamment de l'entrée en vigueur prochaine des mesures relatives à l'intensité carbone (CII et EEXI) et des travaux à effectuer pour la révision de la Stratégie initiale de l'OMI en matière de GES d'ici mi-2023.

M. Vikrant Rai, Directeur général adjoint technique, Direction générale de la navigation, ministère des ports, de la navigation et des voies navigables de l'Inde, et M. Plinio Nastari, Président de Datagro Ltd, Brésil, ont partagé les développements dans leurs pays en matière de production de biocarburants (au Brésil) et les projets de production d'ammoniac et d'hydrogène (Inde).

Des pratiques innovantes pour favoriser les nouvelles technologies et les combustibles de substitution

Les intervenants ont partagé des exemples de projets soutenant le déploiement de technologies à faible teneur en carbone, notamment par le Centre-Réseau des technologies climatiques (CRTC) ; le Centre d'innovation et de technologie IRENA ; la Commission européenne ; et un projet parrainé par l'Allemagne dans les Îles Marshall sur la transition vers un transport maritime à faible teneur en carbone.  

M. Madhu Nair, Président-Directeur général des Chantiers navals de Cochin, a expliqué comment les partenariats mondiaux soutiennent le développement, la construction et les essais de navires à teneur faible ou nulle en carbone, qui seront déployés en Inde et dans d'autres pays.

Le chantier naval a travaillé avec un certain nombre de partenaires internationaux pour construire 23 transbordeurs électriques destinés à être utilisés localement dans le système intégré de transport urbain par eau qui relie 10 îles de Cochin. Ils seront chargés et alimentés par le réseau solaire. Cinquante autres transbordeurs seront construits et déployés au cours des trois prochaines années.  Avec la Norvège, deux transbordeurs autonomes sans émissions ont été construits et déployés en Norvège et sont actuellement mis à l'essai.

Le chantier naval construit actuellement, dans le cadre d'un projet pilote, un transbordeur de 100 passagers fonctionnant à la pile à hydrogène et envisage d'exploiter un vraquier et un remorqueur côtier fonctionnant à l'ammoniac vert d'ici 2027. Parmi les autres projets en cours de finalisation dans le cadre d'une coopération internationale figure un porte-conteneurs hybride à hydrogène à courte distance et sans émissions ; un navire de servitude pour un parc d'éoliennes (exploités au méthanol) pour un propriétaire européen ; et un vraquier côtier hybride à hydrogène pour un propriétaire européen.

"C'est le modèle de coopération mondiale qui fonctionne ici. Cette transition, les pays comme l'Inde, les pays comme le nôtre, la collaboration que nous voyons - c'est une question de coopération. Aucun pays, aucune entreprise ne sera en mesure d'avancer (seul). Nous devons nous inspirer des meilleures pratiques", a déclaré M. Nair.

M. Anton Rhodes, de l'OMI, a présenté le projet CARES (Coordinated Actions to Reduce Emissions from Shipping) de l'OMI, qui réunira les différents centres de R&D en matière de faible/zéro émissions de carbone, les Centre de coopération en matière de technologie maritime, les institutions financières, les donateurs, les initiatives de l'OMI en matière de GES et le secteur privé. L'objectif est d'accélérer la démonstration sur le terrain des technologies à émissions de carbone faibles ou nulles et des combustibles de substitution et de promouvoir leur déploiement d'une manière qui facilite la croissance économique bleue dans les régions en développement tout en créant des marchés de nouvelle technologie.

Assurer une transition centrée sur les personnes

"L'action climatique pose d'importants défis non techniques avec une grande dimension humaine", a souligné M. Guy Platten, Secrétaire général de la Chambre internationale de la marine marchande (ICS). D'autres panélistes ont réfléchi à la nécessité d'assurer une transition équitable, en mettant également l'accent sur la formation des gens de mer qui exploiteront les futurs navires, avec les défis que représentent les combustibles à teneur faible ou nulle en carbone ; ainsi que la nécessité de se concentrer sur la promotion de la diversité au sein du secteur. Ne pas inclure la moitié de la population serait faire preuve d’une vision étroite.  

La transformation du secteur maritime s'est déjà produite auparavant, a fait remarquer Mme Despina Panayiotou Theodosiou, Présidente de WISTA International, mais ces changements - tout comme le passage du vent à la vapeur puis aux hydrocarbures - ont pris beaucoup plus de temps.  Mais le secteur a un énorme avantage, a-t-elle ajouté. " La différence significative avec ce changement, c'est que nous avons plus de contrôle sur ce changement - nous le comprenons mieux", a déclaré Mme Panayiotou Theodosiou.

Financer des technologies nouvelles au service de transports maritimes plus écologiques 

"Les ports "verts", les combustibles durables et les nouvelles technologies innovantes nécessitent tous des investissements. Les institutions financières ont une occasion unique d'orienter les secteurs liés aux océans vers la durabilité", a déclaré M. Dennis Fritsch, de l'Initiative de collaboration du Programme des Nations Unies pour l'environnement avec le secteur financier (UNEP FI).    

L'OMI, avec la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et le Groupe de la Banque mondiale. ont créé la table ronde FINSMART, afin de réunir les pays bénéficiaires du projet, les donateurs et les institutions financières internationales, ainsi que d'autres représentants du secteur financier pour discuter des risques et des opportunités de financement et identifier les produits financiers et les solutions potentielles - tout en mettant l'accent sur les besoins de financement des pays en développement, des PMA et des PEID.

"Afin d'avoir une transformation significative, le secteur financier doit examiner toutes les dimensions, toutes les chaînes de valeur liées à la décarbonisation de l'industrie maritime", a déclaré M. Gianpiero Nacci, Directeur, Economie verte et action climatique, Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).

M. Andrew Losos, Spécialiste principal du transport durable au Groupe de la Banque mondiale, a déclaré que le Groupe de la Banque mondiale devait s'intéresser à la décarbonation des transports maritimes, car elle fait partie de la décarbonation de l'économie dans le monde entier. 

Transformation verte : un voyage ensemble

"Trouver les bonnes voies pour chaque pays - et accélérer la transition - est un grand défi sans précédent dans l'histoire et nous devons donc travailler ensemble. Aucun pays ne peut accomplir ce voyage seul", a déclaré Mme Nancy Karigithu, Secrétaire principale du Département d'État pour la navigation et les affaires maritimes, Ministère kényan des transports, des infrastructures, du logement, du développement urbain et des travaux publics, et Ambassadrice pour les économies maritime et bleue du Kenya.

Mme Mandana Mansoorian, Vice-présidente du Comité de la coopération technique de l'OMI, s'en est fait l'écho : "Il est essentiel de ne laisser personne de côté. Sans consensus, nous ne pouvons pas avancer."

Mme Louise Proctor, de l'OMI, a décrit la voie à suivre par le biais de la coopération technique pour que les pays renforcent leur capacité à mettre en œuvre les règles de l'OMI, tandis que Mme Gyorgyi Gurban, Cheffe de la mise en œuvre des projets, Département des partenariats et des projets de l'OMI, a décrit l'éventail des projets mondiaux de l'OMI visant à réduire les émissions de GES et à soutenir les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement.

Ces projets permettent de combler le fossé des connaissances avec les nations développées et de diffuser l'innovation tout au long de la chaîne maritime. Il s'agit notamment du partage de renseignements sur les nouvelles initiatives de décarbonation maritime au moyen du portail NextGEN de l'OMI et de Singapour, du partage des connaissances via le réseau des MTCC ; et le projet OMI/Norvège GreenVoyage2050, qui aide les pays en développement à mettre en œuvre des projets à faible teneur en carbone et à optimiser les systèmes existants et qui prépare actuellement un important projet pilote. Le projet de réduction des émissions CARES de l'OMI soutiendra également ce processus, en recherchant activement, dans sa phase préparatoire, des solutions sur la façon de relier les efforts de R&D des pays du Nord et des pays du Sud, et sur la façon de relier les besoins des pays et les efforts de R&D en cours, avec l'inclusion du secteur financier. Le projet Asia Maritime Transport Emissions (connu sous le nom de projet Blue Solutions), financé par l'Allemagne, vise à aider les pays d'Asie de l'Est et du Sud-Est à identifier les possibilités de prévenir et de réduire les émissions dues au transport. L'objectif principal de GHG-SMART, financé par la République de Corée, est d'aider les PEID et les PMA à mettre en œuvre la stratégie de l'OMI en renforçant des capacités humaines suffisantes.

Développer des écosystèmes inclusifs et innovants

Le dernier groupe de discussion s'est concentré sur la façon dont l'innovation inclusive se produit déjà, à travers un certain nombre d'écosystèmes différents. Les représentants de plusieurs Centres de coopération en matière de technologie maritime (MTCC) établis par l'OMI ont présenté un aperçu positif de leurs expériences en matière de mise à l'essai de technologies, de réalisation d'études pilotes, y compris la collecte de données et le partage des connaissances.   

Perspectives 

Dans son discours de clôture, le Secrétaire général de l'OMI, M. Kitack Lim, a déclaré : "Les idées générées par vos débats contribueront sans aucun doute à renforcer le travail autour de certaines questions clés, en particulier la nécessité d'œuvrer en faveur de la décarbonation et de niveaux d'ambition renforcés, tout en tenant compte des besoins des États en développement, notamment des petits États insulaires en développement (PEID) et des pays les moins avancés (PMA) ; et de déployer les technologies vertes au niveau mondial de manière à faciliter la croissance économique bleue dans les pays en développement. Mais l'innovation technologique doit aller de pair avec l'inclusion."

En résumé, le modérateur du Forum, M. Craig Eason, a déclaré que les discussions du Forum avaient planté le décor des futurs travaux sur la manière dont la transition vers un transport maritime à faible émission de carbone peut se faire de manière mondiale et globale : où aucun pays ne lutte pour suivre le rythme, et ne bénéficie pas du changement ; où le risque peut être réduit ou partagé ; où le financement est mis à disposition et correctement alloué ; où la confiance et l'assurance de répondre aux besoins de la transition peuvent se développer ;  et où les bonnes personnes reçoivent les bonnes compétences pour faire la différence et permettre l'appropriation de la transition de leur propre pays.

La prochaine édition du Forum aura lieu en 2023.

Partenariat de l'OMI avec le Secrétariat du Commonwealth

À l'issue de la manifestation, une cérémonie de signature a eu lieu pour marquer un accord de partenariat entre l'OMI et le Secrétariat pour les pays du Commonwealth, en vertu duquel les deux organisations s'engagent à renforcer les secteurs maritime et portuaire dans certains pays en développement par des activités qui favoriseront l'adoption de systèmes et de pratiques de transport maritime durables. (Lire la suite ici.)

Forum de l'innovation OMI-PNUE-Norvège 2022

Le Forum de l'innovation est une plateforme mondiale hybride annuelle de deux jours visant à promouvoir l'innovation pour accélérer la transition du secteur maritime vers un avenir à émissions faibles ou nulles. Le Forum de 2022 est lié au thème de la Journée mondiale de la mer de l'OMI 2022 à savoir "Des technologies nouvelles au service de transports maritimes plus écologiques", avec un accent particulier sur l'innovation inclusive pour la décarbonation du secteur maritime.

Le Forum a été suivi par près de 2 000 participants en présentiel et en ligne sur UN TV et YouTube. Les enregistrements peuvent être visionnés ici : 28 septembre YouTube ; 29 septembre YouTube.

Photos ici.

Le programme et les exposés peuvent être téléchargés ici.