Les ports, qui sont essentiels à la chaine logistique mondiale, doivent-ils faire l'objet d'une réglementation internationale additionnelle? Un débat animé sur cette question a rassemblé des intervenants de haut niveau à l'occasion d'un séminaire qui s'est tenu à Londres (Royaume-Uni) le 9 septembre. L'événement était organisé par Hutchison Ports, l'OMI et l'Institut de droit maritime international (IMLI).
Le Secrétaire général de l'OMI, Kitack Lim, a rappelé à l'auditoire qu'en vertu de la Convention portant création de l'OMI, l'Organisation a un mandat pour réglementer les ports. D'ailleurs, certains règlements de l'OMI touchent déjà le secteur portuaire, notamment les règles entourant la sécurité, les installations de réception et la Convention visant à faciliter le trafic maritime international (FAL).
« Cependant, il y a de nombreuses possibilités à explorer afin de renforcer la coopération entre les secteurs du transport maritime, des ports et de la logistique », a souligné M. Lim. Il a ajouté qu'un secteur portuaire capable de faciliter les procédures, d'adopter de nouvelles technologies et de reconnaître l'importance de la sûreté et de la sécurité sera l'un des vecteurs principaux vers la stabilité et le développement durable, ce qui soutiendra aussi la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU.
Les intervenants ont convenu qu'il est nécessaire d'intensifier le dialogue avec les ports et d'assurer une implication plus grande de ce secteur à l'OMI. Cela est particulièrement important dans le contexte des avancées dans l'automatisation et du passage au numérique.
De plus, les ports jouent un rôle de plus en plus important dans la lutte contre les changements climatiques et la réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant des navires. Leur contribution inclut la provision de combustibles qui génèrent moins d'émissions et d'une alimentation électrique à terre, l'optimisation des escales et la bonne synchronisation des navires (concept du « juste à temps »).
Cependant, la portée de tout règlement international doit faire l'objet d'un examen approfondi. De plus, les activités de renforcement des capacités sont essentielles pour assurer la mise en œuvre harmonieuse des normes, recueils de règles pratiques ou lignes directrices, que celles-ci soient nouvelles ou déjà existantes.
Le ministre des Affaires maritimes du Royaume-Uni, Nusrat Ghani, a souligné les avancées faites dans l'intégration de la chaîne logistique. « Quelles nouvelles normes seront nécessaires est une question à laquelle nous devons répondre », a déclaré Mme Ghani, ajoutant que ces règlements devront être adaptés aux nouveaux défis.
Les panélistes ont discuté du thème de la Journée mondiale de la mer 2019, « l'autonomisation des femmes dans la communauté maritime ». Ils ont salué la multiplication des possibilités pour les femmes dans ce secteur, qui reste majoritairement masculin, dans le contexte de l'automatisation grandissante de tâches manuelles.
L'événement s'inscrivait dans le cadre de la Semaine internationale du transport maritime (LISW). Frederick Kenney, de l'OMI, agissait à titre de modérateur. Les participants ont été accueillis par la directrice exécutive de Hutchison Ports, Clemence Cheng. Le directeur de l'Institut de droit maritime international, le professeur David Attard, a décrit le rôle des ports dans le droit maritime et insisté sur l'importance de la mise en application des règles, notamment via l'inclusion dans les législations nationales, et sur le besoin pour des formations et le renforcement des capacités.
Les panélistes suivants ont pris part à la discussion : Patrick Verhoeven de l'Association internationale des ports (IAPH), Guy Platten de la Chambre internationale de la marine marchande (ICS), Lamia Kerdjoudj-Belkaid de la Fédération européenne des opérateurs portuaires et terminaux privés (FEPORT), Andrew Higgs de Setfords Sollicitors, Sakura Kuma du Port international Yokohama-Kawasaki (YKIP) et Diana Whitney de Hutchison Ports.