Le secteur des transports maritimes doit adopter des combustibles alternatifs à zéro émission de carbone afin d'atteindre les cibles établies dans la Stratégie initiale de l'OMI concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant des navires. Un colloque sur l'objectif 2020 de l'OMI et les combustibles de substitution, qui a pris fin le vendredi 18 octobre, a permis de montrer que l'ammoniac et l'hydrogène sont des carburants potentiels prometteurs pour ce secteur.
D'emblée, Edmund Hugues de l'OMI a rappelé que la Stratégie initiale avait envoyé un signal clair : le secteur des transports maritimes devra s'adapter. « Nous devons changer afin de faire face aux changements climatiques à l'échelle mondiale. Nous devons trouver de nouvelles technologies et de nouveaux carburants si nous voulons atteindre une réduction d'au moins 50% des émissions de GES provenant des transports maritimes internationaux d'ici 2050 », a déclaré M. Hugues. Cette cible, établie dans la Stratégie initiale, équivaut à une réduction de 85% des émissions de CO2 par navire. Certaines mesures opérationnelles et techniques peuvent aider à atteindre cet objectif. Par exemple, une bonne synchronisation de l'arrivée des navires au port, l'optimisation de la vitesse et l'installation de technologies sur les navires existants (comme la propulsion éolienne) améliorent le rendement énergétique des navires, ce qui se traduit par une baisse des émissions.
« À long terme, l'avenir consiste en une forme de combustible à base d'hydrogène », a affirmé Tristan Smith de l'Energy Institute de l'University College London (UCL). Le potentiel des carburants à base d'hydrogène et d'ammoniac comme substituts aux combustibles fossiles pour les moteurs de navires a aussi été souligné par Tore Longva de DNV GL et Alexandra Ebbinghaus, chef des projets stratégiques maritimes pour Shell et présidente de GloMEEP-Global Industry Alliance. Ces intervenants ont rappelé que les enjeux fondamentaux en lien avec ces nouveaux carburants incluent la rapidité à laquelle ils seront adoptés et la planification de la production.
L'attaché maritime malaisien Kanagalingam T. Selkvarasah a témoigné de l'engagement pris par la Malaisie envers le développement de l'hydrogène comme combustible pour les moteurs marins. Il a décrit les projets et les infrastructures déjà en développement à cette fin. Enfin, Madadh Maclaine de la Zero Emission Ship Technology Association (ZESTAs) a indiqué que l'hydrogène est déjà utilisé avec succès par de nombreux petits navires et que ce carburant a le potentiel nécessaire pour être utilisé à plus grande échelle.
Les intervenants ont soutenu que des mesures d'appui, une collaboration renforcée ainsi que des activités de recherche et développement seront nécessaires afin de déterminer la direction que prendra le secteur des transports maritimes dans le processus de décarbonisation. « Le secteur des transports maritimes est prêt à bouger », a lancé Johannah Christensen, directeur général et chef de projets et programmes pour la coalition « Getting to Zero » du Global Maritime Forum. M. Christensen a ajouté que la présence d'un organisme mondial de réglementation, soit l'OMI, est bénéfique pour le secteur des transports maritimes.
Lors de son discours de clôture, le Secrétaire général de l'OMI, Kitack Lim, a souligné que les différents sujets abordés lors du colloque ont permis à de nombreuses parties prenantes d'échanger sur la limite de la teneur en soufre, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2020. Il a aussi insisté sur la nécessité, à long terme, de faire face aux changements climatiques et de décarboniser le secteur des transports maritimes.
« Le développement et l'approvisionnement en combustibles de substitution économiquement viables ne peut être accompli seulement par le secteur des transports maritimes. Le soutien du secteur maritime au sens plus large, incluant l'industrie pétrolière et gazière, les affréteurs et les ports, sera nécessaire », a affirmé M. Lim.