Les femmes jouent un rôle essentiel dans l'ensemble de la chaîne logistique reliée aux pêches, notamment dans le processus de transformation du poisson afin qu'il soit acheminé jusqu'aux marchés et aux foyers. Cette contribution, qui est fréquemment oubliée, a été mise en avant à l'occasion d'un événement parallèle sur les femmes dans les pêcheries organisé dans le cadre de la Conférence ministérielle sur la sécurité des navires de pêche qui s'est tenue à Torremolinos (Espagne), du 21 au 23 octobre.

« Les femmes jouent un rôle clé dans le secteur des pêches partout dans le monde. Ignorer ce rôle équivaut à ne voir que la moitié du portrait. Les données disponibles ne rendent pas compte de la nature multidimensionnelle du travail accompli par les femmes dans les pêcheries et peu de politiques sont développées en prenant les femmes en considération », a déclaré Juvenal Shiundu de l'OMI lors de cet événement parallèle.

Les intervenants ont fait part d'initiatives visant à soutenir les femmes dans les pêcheries, incluant la mise sur pied de réseaux et d'associations afin que ces femmes puissent faire entendre davantage leur voix et avoir accès à des formations. La directrice générale de l'Autorité nationale des Pêches et de l'Aquaculture du Libéria, Emma Metieh Glassco, a décrit un projet, soutenu par l'Islande, qui permet d'accroître la visibilité des femmes dans les pêcheries grâce à la création d'associations de marchands de poissons, en plus d'offrir des formations sur la salaison et l'utilisation de fumoirs plus performants.

La représentante du Réseau de femmes dans les pêcheries du Fidji, Cherie Morris, a expliqué que son organisation aide les femmes à se faire entendre au sein des communautés. Ce réseau a également obtenu un financement pour entreprendre une cueillette de données. D'ailleurs, la nécessité de telles données a aussi été évoquée par de nombreux intervenants, dont la présidente de l'Université maritime mondiale (UMM), Cleopatra Doumbia-Henry. « Nous devons recueillir des données et réaliser davantage de recherches sur les pêches, les pêcheurs, et le rôle de ces derniers, puis examiner des façons de sortir ces personnes de la pauvreté », a affirmé Dr. Doumbia-Henry.

Les estimations actuelles indiquent que le domaine des pêches comprend environ 40 millions de personnes, dont approximativement 15% sont des femmes. D'autres études seront nécessaires afin d'obtenir un portrait complet de la situation actuelle. Cependant, les femmes jouent un rôle essentiel et forment souvent la majorité de la main-d'œuvre impliquée dans les pêches artisanales dans des pays en développement.

Les intervenants ont aussi insisté sur la nécessité de lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Ces démarches doivent suivre une approche ascendante (« bottom-up ») et impliquer les femmes qui travaillent à terre dans la chaîne logistique des pêches. Il est nécessaire de redoubler d'efforts afin de bâtir des partenariats, d'améliorer la collaboration entre l'OMI, la FAO et l'OIT pour augmenter la visibilité et la reconnaissance envers les femmes dans les pêcheries et de soutenir la création de réseaux et d'associations de femmes du secteur.

Ont aussi pris la parole lors de cet événement : Jane Njeri Grytten, directrice générale de Pweza Fishing Operations Management Ltd, Maria del Mar Saez Torres du réseau espagnol de femmes dans le secteur des pêches, Alicia Mosteiro Cabanelas de la FAO, Christine Bader de l'OIT et Helen Buni de l'OMI. Des photos de l'événement sont disponibles ici.

De plus, afin de remédier au manque de visibilité des femmes du secteur, l'OMI a lancé une campagne de sensibilisation en ligne, qui a encouragé les femmes dans les pêcheries à partager leurs photos avec le mot-clic #WomenInFisheries. Ces photos ont été rassemblées sur le site suivant : https://walls.io/womeninfisheries.