Les gouvernements ont le pouvoir de résoudre une crise humanitaire grandissante : ils doivent agir pour rapatrier les gens de mer et permettre aux équipages de relève de rejoindre les navires. « Ramenez nos gens de mer héroïques à la maison » : tel était le message lancé par les panélistes d'un webinaire, organisé par l'OMI, qui s'est tenu le 26 juin pour souligner la Journée des gens de mer. L'OMI, la Chambre internationale de la marine marchande (ICS) et la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) ont exhorté les pays à mettre en œuvre les protocoles visant à garantir la sécurité des relèves d'équipages, qui ont été élaborés par le secteur maritime et diffusés par l'OMI. 
 
La campagne 2020 de la Journée des gens de mer a mis en lumière le rôle essentiel des gens de mer, qui se retrouvent en première ligne de la chaîne d'approvisionnement mondiale, tout en exhortant les gouvernements à leur accorder le statut de « travailleurs clés » afin qu'ils puissent se déplacer entre les navires et leur domicile. Des centaines de milliers de gens de mer sont présentement bloqués sur des navires et souhaitent désespérément rentrer chez eux.  Dans plusieurs cas, leurs contrats ont été prolongés de plusieurs mois au-delà de la durée maximale en mer autorisée par la réglementation internationale. 
 
Dans son discours d'ouverture, le Secrétaire général de l'OMI, Kitack Lim, a déclaré : « Le travail des gens de mer est unique et essentiel. Les gens de mer sont en première ligne de la lutte mondiale contre la pandémie. Ils méritent nos remerciements. Mais ce qu'ils méritent (et ce dont ils ont besoin) avant tout, c'est une action humanitaire rapide et décisive de la part des gouvernements du monde entier, non seulement pendant la pandémie, mais en tout temps.
 
Pendant la pandémie de COVID-19, les navires, dont l'exploitation dépend fondamentalement des gens de mer, ont continué à transporter des biens essentiels à travers le monde. Il faut maintenant faire preuve de leadership et agir pour rapatrier les gens de mer, qui sont fatigués et ont raté des mariages, des naissances et des enterrements à cause de la crise, a déclaré Guy Platten, Secrétaire général de la Chambre internationale de la marine marchande (ICS). À l'heure actuelle, environ 400 000 gens de mer sont bloqués en mer. De ce nombre, 200 000 doivent quitter les navires et un nombre similaire doit les relever.
 
« Les transports maritimes constituent véritablement une industrie mondiale et il faut que les gouvernements apportent une solution mondiale », a affirmé Stephen Cotton, Secrétaire général de la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF). Il a indiqué que la Fédération reçoit quotidiennement des courriels de centaines de gens de mer, qui expriment leur inquiétude quant à la prolongation de leurs contrats sous la contrainte. M. Cotton a prévenu que cette situation a un impact sur la capacité des gens de mer à effectuer leur travail en toute sécurité, ce qui entraîne des risques accrus pour leur propre sécurité, de même que pour la chaîne d'approvisionnement mondiale et possiblement l'environnement.  
 
Paulo Prigol, coordonnateur régional pour l'Asie du Sud-Est de Stella Maris, a souligné l'importance du travail des gens de mer pour leurs communautés et leurs pays de résidence. Il a aussi insisté sur les impacts dévastateurs de la pandémie pour les familles des gens de mer, tant sur le plan financier que psychologique, qui sont causés par le temps prolongé en mer pour certains marins et par l'incapacité à se rendre au travail pour d'autres. 
 
Certains changements d'équipage se sont déroulés avec succès aux Pays-Bas et via les ports et aéroports néerlandais, grâce à la collaboration entre les armateurs, la compagnie aérienne KLM Royal Dutch Airlines et le gouvernement néerlandais, a expliqué Niels van de Minkelis, chef des affaires opérationnelles de l'Association royale des propriétaires de navires néerlandais. Depuis mai, quelque 6000 gens de mer ont pu se déplacer entre les Pays-Bas et leur pays de résidence, dont l'Indonésie, les Philippines, la Pologne, la Fédération de Russie et l'Ukraine. Cela illustre ce qui peut être accompli grâce à une bonne collaboration entre les différentes entités concernées. 
 
Les panélistes ont salué l'initiative du gouvernement du Royaume-Uni de convoquer un sommet mondial sur la question, mais ont prévenu que des actions concrètes de la part des gouvernements partout dans le monde seront nécessaires pour résoudre la crise, rapatrier les gens de mer et assurer leur relève. 
 
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