Les petits États insulaires en développement (PEID) se caractérisent souvent par leurs petites économies, leur éloignement et leur vulnérabilité. Les plans d'action nationaux visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont un outil essentiel pour améliorer la résilience, la fiabilité et l'accessibilité financière des services de transport maritime dans ces petits États insulaires en développement. L'élaboration de ces plans peut aider les pays à relever les défis particuliers que pose le développement de leurs économies tout en faisant progresser les efforts de décarbonation du secteur maritime à l'échelle mondiale.

Des représentants de trois petits États insulaires en développement (Belize, Îles Cook et Îles Salomon) se sont réunis au Siège de l'Organisation maritime internationale (OMI) du 2 au 6 septembre pour partager leurs expériences en matière d'élaboration d'un plan d'action national. La table ronde, organisée par le programme GreenVoyage2050 de l'OMI, a facilité l'échange d'informations précieuses, de défis et d'enseignements tirés du processus d'élaboration du plan d'action national, offrant aux participants une plateforme pour apprendre les uns des autres. Le personnel de l'OMI chargé d'autres projets de l'OMI sur les GES, le réseau mondial de MTCC et GHG-SMART, a participé à la table ronde, permettant une collaboration plus large sur les efforts de décarbonation dans le secteur maritime. 

"Le plan d'action national pour les Îles Cook permettra non seulement d'améliorer la durabilité maritime, mais il fournira également une feuille de route pour accroître la connectivité des transports maritimes et le caractère abordable des biens et des services" a déclaré Sandrina Thondoo, directrice des traités, des accords multilatéraux et des océans pour le Gouvernement des Îles Cook, en expliquant comment le plan d'action national jouera un rôle transformateur pour le développement maritime et la résilience du pays.

Le rôle des données dans l'élaboration des plans d'action nationaux a été l'un des principaux sujets abordés au cours de l'atelier. Les participants ont souligné que des données fiables et validées, y compris des informations sur les émissions, la consommation de combustible et les activités des navires, constituent l'épine dorsale de tout plan d'action crédible et efficace. Pourtant, la collecte de données reste l'un des obstacles les plus importants pour les PEID. Les échanges ont mis en évidence la manière dont certains des défis liés à la collecte, à l'analyse et à la gestion des données peuvent être relevés, par le biais du plan d'action national, en améliorant la préparation numérique globale du pays et en collaborant avec les entités publiques concernées, telles que l'organisme national de statistique. 

"L'essentiel n'est pas seulement de recueillir des données, mais de comprendre quelles données sont nécessaires et pourquoi elles sont importantes pour une prise de décision éclairée", a expliqué Allen Ofea, responsable principal de l'Autorité maritime des Îles Salomon. "Nous devons nous assurer que ce que nous recueillons correspond aux objectifs du plan d'action national et que notre personnel est formé pour en comprendre le sens.

Les participants ont souligné l'importance d'identifier les bonnes parties prenantes pour l'élaboration des plans d'action nationaux, notamment les compagnies maritimes, les fournisseurs d'énergie, les groupes environnementaux et les communautés locales, dès le début du processus, de les engager dans un dialogue constructif et d'établir des relations fondées sur la confiance et l'intérêt mutuel.

Kaylon Young, commissaire portuaire par intérim de l'Autorité portuaire de Belize, a déclaré : "La consultation est essentielle. Faire participer les parties prenantes dès le début du processus d'élaboration du plan d'action national permet d'obtenir leur adhésion et de faciliter la mise en œuvre. Il s'agit de créer des partenariats qui perdureront au-delà de la phase initiale du plan".

"Le Belize, les Îles Cook et les Îles Salomon se trouvent à des stades très différents de l'élaboration de leur plan d'action national. Bien que ces trois pays soient des PEID, les défis auxquels ils sont confrontés varient considérablement en fonction de leur taille, de leurs ressources et de leur volonté de collecter et d'utiliser des données. C'est précisément la raison pour laquelle des ateliers comme celui-ci sont si importants, afin que chaque nation puisse apprendre des autres et adapter ses stratégies en conséquence", a déclaré Astrid Dispert, responsable de GreenVoyage2050 à l'OMI. 

Les commentaires recueillis au cours de l'atelier influenceront directement l'édition mise à jour du guide GreenVoyage2050 "National Action Plan to Address GHG Emissions from Ships - From Decision to Implementation". Le guide révisé fournira de nouvelles informations sur la manière de combler les lacunes en matière de données, de renforcer l'engagement des parties prenantes et de surmonter les limitations en matière de ressources. En plus des enseignements tirés, le guide révisé du plan d'action national inclura également des conseils plus complets sur l'accès au financement pour les projets de décarbonation maritime. Cette démarche sera couplée à l'inclusion d'idées de projets pilotes afin d'aider les pays à mieux mettre en œuvre leurs plans d'action. 

Le programme GreenVoyage2050 continuera à fournir une assistance technique aux pays en développement qui souhaitent élaborer un plan d'action national pour lutter contre les émissions des navires.

Plans d'action nationaux

Dans la résolution MEPC.367(79) de l'OMI, adoptée en 2022, les États Membres sont invités à élaborer et à soumettre, à titre volontaire, leur plan d'action national, lequel devrait donner un aperçu des politiques et mesures qu'ils appliquent respectivement en vue de réduire les émissions de GES provenant des navires. Un plan d'action national complet présente les stratégies et les dispositions adoptées par le pays concerné pour réduire ces émissions. Les plans d'action nationaux soumis à l'OMI sont accessibles ici.

L'élaboration d'un plan d'action national nécessite une coordination entre les différents ministères et parties prenantes. Le programme GreenVoyage2050 facilite ces dialogues afin de garantir l'efficacité du développement et de la mise en œuvre des plans d'action nationaux. Les pays participants bénéficient d'une assistance technique, notamment d'un renforcement des capacités et d'une formation ciblés, de la mise à disposition de personnel spécialisé, d'une aide à l'analyse des données, d'une orientation technique, d'une facilitation du dialogue avec les parties prenantes et d'un soutien administratif.

GreenVoyage 2050

GreenVoyage2050 est un important programme de coopération technique lancé par l'OMI pour aider les pays en développement à réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant des transports maritimes, conformément à la Stratégie de l'OMI de 2023 concernant les GES. La phase 1 du projet GreenVoyage2050 (2020-2023) a consisté à aider les pays partenaires à élaborer des cadres stratégiques et des projets pilotes visant à réduire les émissions de GES provenant des navires. La phase 2 (2024-2030) se poursuit et s'intensifie grâce aux importants financements apportés par des bailleurs de fonds dont l'Allemagne, la Finlande, la France, la Norvège et le Royaume des Pays-Bas.