Une réunion organisée au siège de l’OMI a permis à plusieurs représentants d’organismes des Nations Unies, du secteur maritime et de la Force Navale de l'Union européenne de se pencher sur les complexités de ce défi humanitaire.

figure

« Même si les gouvernements et la marine marchande continueront de mener des opérations de sauvetage, il est impératif de développer d'autres voies de migration, sûres et légales, et, si besoin est, de mettre en place des migrations sûres et organisées par mer », a déclaré le Secrétaire général de l'Organisation maritime internationale (OMI).

Les mouvements migratoires mixtes dangereux effectués par mer continuent de coûter la vie à des milliers de migrants, et ce en dépit des efforts intenses déployés par les gouvernements et les services de sauvetage en mer, souvent aidés par les navires marchands – dans le respect de la longue tradition du sauvetage des personnes en détresse en mer et des obligations légales en vigueur.

Ce lundi 30 octobre, une réunion organisée au siège de l'OMI a permis à plusieurs représentants d'organismes des Nations Unies, du secteur maritime et de la Force Navale de l'Union européenne de se pencher sur les complexités de ce défi humanitaire.

Pour les personnes secourues comme pour les gens de mer, une opération de sauvetage en mer est une expérience particulièrement éprouvante. Par ailleurs, les navires marchands modernes ne sont pas conçus pour accueillir un grand nombre de survivants. Ainsi, les conditions d'hébergement, les soins médicaux et les installations sanitaires ne sont pas adaptés à ce type de situations, et la quantité d'eau et de nourriture disponible à bord est insuffisante.

Trois exemples d'opérations de sauvetage impliquant des navires marchands en Méditerranée illustrent bien ces difficultés.

En octobre 2016, le pétrolier Okyroe, en pleine charge et transportant 21 membres d'équipage, a secouru 1 536 personnes qui se trouvaient à bord de canots pneumatiques. Sur une période de deux jours, 778 d'entre elles ont été prises en charge par des navires de sauvetage et les 758 autres ont été transférées au port d'Augusta (Italie) par le pétrolier.

En août 2016, le navire ravitailleur de plate-forme OOC Jaguar a secouru 501 personnes qui se trouvaient à bord de canots pneumatiques, dont une mère qui venait tout juste de donner naissance à son enfant. Un membre de l'équipage a dû retirer le cordon ombilical, entouré autour du cou du nouveau-né, et aider la mère à expulser le placenta.

En avril 2016, le porte-conteneurs Hamburg Bridge a secouru 310 personnes entassées à bord d'une toute petite embarcation.

Les chiffres montrent qu'en 2017, soit du 1er janvier au 29 octobre, 149 785 migrants et réfugiés ont gagné l'Europe par la mer – la plupart d'entre eux arrivant en Italie, le reste en Grèce, à Chypre ou en Espagne. Sur la même période, 2 826 d'entre eux ont perdu la vie au cours de leur traversée. Bien que le nombre de décès enregistrés en mer Méditerranée diminue d'une année sur l'autre, le taux de mortalité par tentative de traversée augmente bel et bien.

Comme il a été expliqué lors de la réunion, les navires marchands sont impliqués dans environ une opération de sauvetage sur dix dans la zone maritime couverte par le Centre de coordination de sauvetage maritime de Rome (Italie) – 101 cas ont pour l'instant été recensés en 2017, contre 112 en 2016.

S'il est vrai que les opérations de recherche et de sauvetage se poursuivront à l'avenir, les participants ont toutefois reconnu que les systèmes mis en place en vertu de la Convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS) et de la Convention internationale sur la recherche et le sauvetage maritimes (Convention SAR) n'avaient pas été conçus pour, ou destinés à, répondre à la migration de masse.

« Même si les gouvernements et la marine marchande continueront de mener des opérations de sauvetage, il est impératif de développer d'autres voies de migration, sûres et légales, et, si besoin est, de mettre en place des migrations sûres et organisées par mer », a déclaré le Secrétaire général de l'Organisation maritime internationale (OMI).

La réunion a également permis aux participants de débattre des moyens de réduire le nombre de pertes en vies humaines en mer. Parmi eux figure la nécessité de s'attaquer aux facteurs d'incitation, comme les activités criminelles associées à la traite des personnes, et de renforcer la collaboration entre les organismes internationaux et les États.

Des représentants de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), de la Force Navale de l'Union européenne (EU NAVFOR), de BIMCO, de la Chambre internationale de la marine marchande (ICS), de la Fédération internationale des associations de capitaines de navires (IFSMA) et de la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) étaient présents pour participer à la réunion. 

La synthèse des commentaires formulés pendant la réunion sera prise en compte dans le cadre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Ce dernier, qui constitue un processus de deux ans, est né de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, approuvée le 19 septembre 2016 par les chefs d'État de l'Assemblée générale des Nations Unies. Dirigé par les États Membres de l'ONU, ce processus devrait aboutir à l'adoption du Pacte lors d'une conférence intergouvernementale sur les migrations internationales, en 2018.

En savoir plus

Cliquez ici pour consulter la publication « Sauvetage en mer - Guide des principes et des mesures qui s'appliquent aux réfugiés et aux migrants » – élaborée conjointement par l'Organisation maritime internationale (OMI), la Chambre internationale de la marine marchande (ICS) et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

_________