Historique
Cadre d'action international sur les changements climatiques
Dans les années 1960 et 1970, les preuves de l'augmentation de la concentration de dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère ont conduit la communauté scientifique, et les climatologues en particulier, à demander que des mesures soient prises pour lutter contre les dangers découlant des changements climatiques.
En 1988, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a été constitué par l'Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). Le GIEC a publié son premier rapport d'évaluation en 1990, lequel regroupait les avis de 400 scientifiques. Les auteurs de ce rapport attestaient la réalité du réchauffement climatique et invitaient instamment à prendre des mesures pour lutter contre ce phénomène.
Dans ses conclusions, le GIEC invitait les gouvernements à adopter la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) lors de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement de 1992 à Rio de Janeiro, plus connue sous le nom de "sommet de la Terre".
Adopté à Kyoto (Japon) en 1997, le Protocole de Kyoto est un accord international lié à la CCNUCC dont la particularité est de définir des niveaux cibles que 37 pays industrialisés et la Communauté européenne ont l'obligation d'atteindre pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Les règles détaillées de l'application du Protocole, appelées "Accords de Marrakech", ont été adoptées en 2001 lors de la 7e Conférence des Parties à la CCNUCC (COP 7) à Marrakech. Le Protocole de Kyoto est entré en vigueur le 16 février 2005.
Le Protocole de Kyoto contient des dispositions relatives à la réduction des émissions de GES provenant de l'aviation civile et des transports maritimes internationaux, traite ces secteurs de manière distincte des autres sources d'émissions en raison de leur dimension mondiale, et préconise de poursuivre les actions menées par l'intermédiaire de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) et de l'Organisation maritime internationale (OMI), respectivement. Les émissions provenant de l'aviation et des transports maritimes nationaux sont traitées dans le cadre des objectifs nationaux concernant les Parties visées à l'annexe I de la Convention. L'OACI et l'OMI rendent compte régulièrement de l'état d'avancement de leurs travaux à la CCNUCC.
Tout comme l'OACI, l'OMI n'est toutefois mentionnée ni dans les articles de l'Accord de Paris de 2015 sur les changements climatiques (Accord de Paris), ni dans les décisions destinées à appliquer cet accord, notamment en ce qui concerne les objectifs à atteindre d'ici à 2020.
En avril 2016, le MEPC 69 s'est félicité de l'Accord de Paris et a pris acte de la grande réussite qu'était pour la communauté internationale la conclusion de cet accord, a reconnu et salué les efforts que l'OMI déployait alors et ceux qu'elle avait déjà faits pour améliorer le rendement énergétique des navires, a largement reconnu et considéré que de nouvelles améliorations appropriées relatives aux émissions provenant des transports maritimes pouvaient et devraient être obtenues, et a reconnu le rôle joué par l'OMI dans l'atténuation de l'impact des émissions de gaz à effet de serre provenant des transports maritimes internationaux.
Conformément à la résolution A.963(23) de l'Assemblée, le Secrétariat de l'OMI fait régulièrement rapport à l'Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique (SBSTA) de la CCNUCC au titre du point de l'ordre du jour relatif aux émissions imputables aux combustibles utilisés dans les transports aériens et maritimes internationaux et participe aux activités connexes des Nations Unies.
Début des travaux de l'OMI sur les émissions de GES
En septembre 1997, la Conférence internationale des Parties à MARPOL a adopté le Protocole de 1997 modifiant MARPOL (Annexe VI) et la résolution 8 de la Conférence sur les émissions de CO2 provenant des navires. Par cette résolution, le Comité de la protection du milieu marin (MEPC) était invité à examiner les stratégies de réduction du CO2 qui pourraient être réalisables compte tenu du rapport entre le CO2 et d'autres polluants atmosphériques et marins. L'OMI était quant à elle invitée, en coopération avec la CCNUCC, à entreprendre une étude des émissions de CO2 provenant des navires aux fins d'établir la quantité et le pourcentage relatif de ces émissions dans l'inventaire mondial des émissions de CO2.
En décembre 2003, l'Assemblée de l'OMI a adopté la résolution A.963(23) intitulée "Lignes d'action et usages de l'OMI concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre par les navires", par laquelle elle priait instamment le MEPC d'identifier et d'élaborer le ou les mécanismes requis pour obtenir la limitation ou la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant des transports maritimes internationaux. Au cours des années suivantes, le MEPC a continué de prendre des mesures visant à limiter et à réduire les émissions de GES provenant des transports maritimes internationaux.
Études de l'OMI sur les GES
Tenant compte de la nécessité de trouver un équilibre entre la prise de décisions étayées par des preuves et le principe de précaution énoncé dans la résolution MEPC.67(37), l'OMI a entrepris depuis 1998 de mener des études visant à évaluer les émissions de GES provenant des transports maritimes internationaux et à définir des solutions envisageables pour les réduire.
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Lancement des mesures visant à améliorer le rendement énergétique dans les transports maritimes internationaux
Afin de réduire les effets des transports maritimes sur les changements climatiques, l'OMI a commencé à envisager l'adoption de mesures techniques et opérationnelles visant à améliorer le rendement énergétique des navires.
En 2011, l'OMI a adopté des mesures techniques et opérationnelles obligatoires relatives au rendement énergétique des navires visant à réduire la quantité d'émissions de CO2 provenant des transports maritimes internationaux (résolution MEPC.203(62)). L'indice nominal de rendement énergétique (EEDI) pour les navires neufs et le Plan de gestion du rendement énergétique du navire (SEEMP) pour les navires existants sont entrés en vigueur le 1er janvier 2013. Il s'agit respectivement du premier instrument juridiquement contraignant à être adopté depuis le Protocole de Kyoto traitant des émissions de GES et du premier régime mondial obligatoire de réduction des émissions de GES destiné au secteur maritime international.
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Système obligatoire de collecte de données sur la consommation de fuel-oil des navires (DCS)
Le MEPC 70 a adopté les prescriptions obligatoires de l'Annexe VI de MARPOL pour que les navires enregistrent et déclarent leur consommation de fueloil. En vertu des amendements, depuis le 1er janvier 2019, les navires d'une jauge brute égale ou supérieure à 5 000 (qui représentent environ 85 % des émissions totales de CO2 du transport maritime international) sont tenus de collecter des données sur la consommation pour chaque type de fuel-oil qu'ils utilisent, ainsi que d'autres données spécifiques.
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Stratégie initiale de l'OMI concernant la réduction des émissions de GES provenant des navires
En avril 2018, le MEPC 72 a adopté la résolution MEPC.304(72) intitulée "Stratégie initiale de l'OMI concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant des navires". Cet accord majeur constituait un cadre pour les mesures que prendrait le Comité et définissait la vision future de la décarbonation des transports maritimes internationaux. Pour la première fois, la réduction des émissions totales de GES provenant des transports maritimes internationaux était envisagée dans la Stratégie initiale, avec pour objectif de parvenir au point culminant de ces émissions aussitôt que possible et de réduire le volume total des émissions de GES annuelles d'au moins 50 % d'ici à 2050, par rapport à 2008, tout en poursuivant l'action menée en vue de leur élimination progressive complète.
La Stratégie initiale incluait des mesures envisageables à court, moyen et long termes, accompagnées de calendriers possibles, et les incidences de ces mesures sur les États.
Les États Membres de l'OMI ont décidé de maintenir cette stratégie à l'étude, et notamment d'adopter une stratégie révisée en 2023.
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Mesure de réduction des émissions de GES à court terme
En juin 2021, le MEPC 76 a adopté une mesure de réduction des émissions de GES à court terme pour atteindre l'objectif de réduction de l'intensité carbone des transports maritimes internationaux en 2030 d'au moins 40 % par rapport aux niveaux de 2008, conformément à l'ambition définie dans la Stratégie initiale. Cette mesure associe des prescriptions techniques et opérationnelles obligatoires pour améliorer la conception/l'efficacité technique des navires existants à l'aide de l'indice de rendement énergétique des navires existants (EEXI) et optimiser le rendement énergétique opérationnel des navires existants au moyen du système de notation relative à l'indicateur d'intensité carbone (CII).
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Révision de la Stratégie de l'OMI concernant la réduction des émissions de GES provenant des navires
Conformément au calendrier arrêté au moment de l'adoption, une Stratégie révisée de l'OMI concernant les GES a été adoptée par le MEPC 80 (juillet 2023). Le MEPC a décidé de réviser tous les éléments de la Stratégie de l'OMI concernant les GES et d'y inclure un niveau d'ambition renforcé.
La Stratégie de l'OMI de 2023 concernant la réduction des émissions de GES provenant des navires remplace la Stratégie initiale, représente le nouveau cadre de l'OMI en matière de climat, et définit la vision future des transports maritimes internationaux, les niveaux d'ambition pour réduire les émissions de GES et les principes directeurs. Elle inclut des mesures envisageables à moyen et long termes accompagnées de calendriers possibles pour leur adoption et l'évaluation connexe des incidences de ces mesures sur les États. La Stratégie met également en évidence les obstacles et les mesures d'appui, notamment le renforcement des capacités, la coopération technique et la recherche et le développement (RD). Pour en savoir plus, veuillez cliquer ici.